GAEC de l'Uvry : une ferme laitière qui a fait le choix du bio

Sur le Pays Terre de Lorraine, nombreux sont celles et ceux qui agissent à leur niveau pour valoriser la filière locale et bio sur le territoire. Producteurs, transformateurs, distributeurs, institutions, gérants de commerces ou consommateurs : on a rencontré des femmes et des hommes engagés pour une agriculture bio et une consommation plus saine.
Nous sommes allés à la rencontre de Jean-Pierre BARBIER, éleveur bio de vaches laitières à Goviller au GAEC de l’Uvry.
Le GAEC de l’Uvry est une ferme familiale sur 300 ha qui produit essentiellement du lait. Le troupeau compte 180 vaches laitières. Les terres sont principalement utilisées pour nourrir les animaux ; on y cultive principalement de l’herbe, un peu de maïs et de céréales. Trois associés et un salarié travaillent sur la ferme, la fromagerie accolée à la ferme emploie quant à elle trois personnes.
« Notre travail permet de nourrir concrètement les habitants du territoire avec des produits bio. »
Une ferme qui a évolué avec le passage en bio
Jean-Pierre et ses associés ont engagé une réflexion par rapport au bio car ils avaient le sentiment d’être arrivés à la limite de leur système. « Nous étions arrivés à devoir produire une quantité de plus en plus importante de lait pour nous en sortir économiquement mais nous commencions à voir des effets négatifs sur la santé de nos animaux. » De plus, la demande de la société pour les produits bio était forte. Se sentant en cohérence avec le mode de production biologique la décision a été prise de passer la ferme en bio. Pour assurer l’autonomie alimentaire du cheptel, il a fallu attendre de saisir l’opportunité de reprendre des terres pour pouvoir rendre cette décision effective.
L’agriculture biologique est soumise à des contraintes selon un cahier des charges précis. Cela a mené à des évolutions sur la ferme. En premier lieu, il y a des produits de traitement des cultures ou des animaux qui sont interdits. Sur le volet agronomique, des investissements ont été réalisés notamment pour travailler le sol et lutter contre les adventices (autrement appelées mauvaises herbes). Le cahier des charges impose que les veaux sortent en pâture dès qu’ils ne sont plus nourris au lait. L’ancien bâtiment ne permettait pas de faire sortir les animaux. Aussi il a fallu construire un nouveau bâtiment où les veaux sont en plein air toute l’année. Pour produire suffisamment de lait, il est essentiel que le fourrage soit de qualité, car les animaux ne consomment que ce qui est produit sur la ferme. Pour cela, il est nécessaire de réaliser des fauches plus précoces, ce qui a engendré une réorganisation de la gestion de la fauche.
Le bien-être animal au cœur des préoccupations de la ferme
Le bien-être animal a toujours été une préoccupation pour Jean-Pierre. « Quand on est dans un bâtiment avec des animaux qui sont bien, nous le ressentons et nous aussi nous sommes bien ! » Avant le passage en bio des aménagements favorisant le bien être animal avaient déjà été réalisés : un racleur pour éviter la stagnation de lisier dans l’étable, des brosses en libre accès permettant aux vaches de se frotter limitant ainsi les insectes sur le dos des animaux…L’agriculture biologique pousse un peu plus cette notion notamment avec l’obligation de sortie des animaux. Le bio privilégie un rythme plus naturel pour les animaux. Le volume de lait produit par vache a diminué de 1500 L/vache. Les animaux sont moins fragiles. La ventilation dans le bâtiment a également été réfléchie pour permettre de garder celui-ci le plus frais possible notamment lors des canicules. Des brumisateurs ont également été installés. Les vaches y sont bien car lors des grosses chaleurs, elles préfèrent rester dans le bâtiment.
Le travail en collectif inscrit dans l’ADN de la ferme
Concernant l’organisation du travail, le collectif est dans l’ADN de la ferme. Historiquement la ferme est un des premiers regroupements d’agriculteurs du département. Le beau-père de Jean-Pierre et son frère ont fait ce choix qui a perduré. Le Groupement Agricole d’Exploitation en Commun (GAEC) est une société civile agricole de personnes permettant à des agriculteurs associés la réalisation d’un travail en commun dans des conditions comparables à celles existant dans les exploitations de caractère familial. Avec ce type de structure, les associés partagent les responsabilités. Dans le fonctionnement choisi sur le GAEC de l’Uvry, chaque associé est responsable d’un secteur. Chacun doit faire en sorte à ce que toutes les tâches nécessaires soient accomplies. Chacun travaille néanmoins en collaboration avec d’autres. Être à plusieurs ouvre la possibilité de prendre des congés. Un roulement permet de se répartir les astreintes du week-end. Il faut malgré tout être vigilant et assurer une bonne communication entre les associés. Les grands objectifs doivent être partagés. La ferme fait également partie d’un regroupement coopératif d’agriculteurs permettant d’acheter et d’utiliser en commun du matériel agricole. Cela réduit considérablement les coûts individuels d’investissement et d’entretien, tout en donnant accès à des équipements plus performants et récents. C’est également un lieu d’échanges et de lien social.
La transformation et la vente à la ferme permettent de renouer le lien avec les consommateurs
La femme de Jean-Pierre a décidé de changer de métier en portant un projet de transformation à la ferme. Après un an de formation et plusieurs stages, elle a monté la fromagerie, l’Etoile de la Colline en 2019. Au total 3 personnes travaillent sur la fromagerie et transforment 100 000 L de lait par an, ce qui représente 10 tonnes de fromages. La spécialité de la maison est l’Etoile de Sion, un fromage à pâte molle à croûte lavée. Une gamme de fromages et de produits laitiers très diversifiée, qui évolue au fil des saisons, est proposée à la vente. En complément, il est possible d’acheter de la viande bovine.
Pendant 30 ans, Jean-Pierre a produit du lait sans connaître précisément sa destination. Avec la fromagerie, il sait ce que devient son lait. Le retour des consommateurs est motivant, la qualité du lait influe directement sur le goût, la couleur, la texture du fromage. La vente directe permet de côtoyer les consommateurs qui ne connaissent pas forcément la réalité du métier d’agriculteur. Tous les vendredis quand le magasin est ouvert, c’est une occasion pour Jean-Pierre de pouvoir échanger sur les pratiques de la ferme, d’évoquer la réalité du métier notamment en expliquant les règles et contraintes administratives qui s’appliquent. « Être agriculteur ce n’est pas uniquement aller dans les champs. Nous sommes au quotidien présents au côté de nos animaux. Nous avons également une charge administrative importante à gérer ».
Allez à la rencontre des producteurs et productrices bio de votre territoire. Ils seront heureux de vous parler de leur métier.

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