La ferme Romé : une histoire de famille

Sur le Pays Terres de Lorraine, nombreux sont celles et ceux qui agissent à leur niveau pour valoriser la filière locale et bio sur le territoire. Producteurs, transformateurs, distributeurs, institutions, gérants de commerces ou consommateurs : on a rencontré des femmes et des hommes engagés pour une agriculture bio et une consommation plus saine.
Nous sommes allés à la rencontre de Clémentine (NAUDE) AVRIL, éleveuse bio de vaches laitières à Royaumeix sur la Ferme Romé.
Créée en 1977, la ferme Romé a su évoluer avec la société, jusqu’à développer une agriculture autonome 100 % bio. À l’origine, la ferme gérée par Stéphane NAUDE, le père de Clémentine, était spécialisée dans l’élevage laitier et la culture de céréales. C’est en 2006 qu’elle a pris un tournant majeur, avec l’arrivée de Charly, son frère, qui a développé l’activité maraîchère. Clémentine a par la suite rejoint la ferme en prenant en charge le troupeau.
La ferme occupe désormais une surface de 180 ha, sur laquelle sont produits des légumes (9 ha), des céréales (pour l’alimentation du troupeau) et de l’herbe (fourrage et pâture) pour l’alimentation du troupeau laitier. La totalité des légumes sont commercialisés en vente directe et le lait pour une partie en vente directe via la production de fromage et le reste à différents transformateurs locaux, à savoir la Laiterie Odla ou la Laiterie de Nancy.
« Notre motivation au quotidien : proposer une production de qualité, en employant des personnes de proximité, pour une vente locale le tout en travaillant avec la nature. »
Une ferme engagée pour des produits de qualité et la protection de l’environnement
Le GAEC Romé est aujourd’hui une ferme familiale. L’exploitation de 180 hectares, en grande majorité attenants autour de la ferme, est entourée par la Forêt de la Reine, au sein du Parc Naturel Régional de Lorraine. Elle est certifiée en agriculture biologique depuis 1989. De ce fait la ferme n’utilise pas de pesticides ou d’engrais de synthèse et restreint fortement l’usage des antibiotiques pour les animaux.
Depuis 2014, la Ferme Romé adhère également au label « Biocohérence » qui repose sur des principes fondamentaux au-delà des exigences de l’agriculture biologique européenne. La ferme doit être intégralement en bio. Le règlement de cette démarche intègre des éléments plus précis concernant la prise en compte de la biodiversité et les sols vivants, ce qui implique une taille de l’élevage limitée…
Clémentine et ses associés ont également décidé de s’engager dans la démarche « STG Lait de Foin » (Spécialité Traditionnelle Garantie). La particularité du lait de foin réside dans l’alimentation des animaux, principalement constituée de foin et d’herbe, sans aliments fermentés comme l’ensilage. L’alimentation basée sur l’herbe fraîche l’été et le foin en hiver a une influence très positive sur la qualité du lait. Grâce à l’absence totale de produits fermentés dans l’alimentation des animaux, le lait de foin permet une transformation fromagère facile et de haute qualité. L’alimentation des animaux est un des premiers leviers pour améliorer la qualité du lait : aussi bien sa fromageabilité que son profil en acides gras. De nombreuses études scientifiques l’attestent : l’herbe améliore naturellement et très significativement le profil en acides gras du lait.
Au-delà des pratiques agricoles, les bâtiments ont été aménagés en bois dès 2005 et les toitures couvertes de panneaux solaires à partir de 2018. Ceci afin de participer à leur manière à la transition écologique et énergétique. L’électricité produite suffit, en valeur, à couvrir tous les besoins de la ferme.
Une ferme ancrée dans son territoire
L’agriculture biologique est technique et subtile. Clémentine considère que dans son métier, l’adaptation est constante tout comme la remise en question régulière de ses choix. En effet, les vaches mangent du foin de qualité, mais en fonction de la date de fenaison ou de la parcelle exploitée, la qualité du foin est différente. Elle doit donc ajuster en permanence ses pratiques en fonction de chaque situation. Pour elle, pouvoir partager et échanger avec d’autres paysans en bio est une véritable richesse. Le Pays Terres de Lorraine compte plus de 150 fermes bio, ce qui permet à Clémentine, Charly et leur père d’avoir un bon réseau de collègues aux compétences et expériences variées.
La ferme Romé par ses activités de production et de vente directe a permis de créer des emplois. Ce sont une dizaine de personnes qui travaillent sur le site. En termes de charge de travail, un tiers du temps est consacré à la production, le deuxième tiers à la préparation et le dernier tiers à la vente.
Par ailleurs, la Ferme Romé a ouvert à Royaumeix son épicerie il y a environ une quinzaine d’années, en même temps que le développement de leur production de légumes. Cette épicerie permet à la ferme de proposer ses produits en vente directe, favorisant ainsi les circuits courts et le développement de l’économie locale. On y trouve les légumes de saison de la ferme, ainsi que les fromages issus de leur production de lait biologique. La Ferme Romé participe également à des marchés locaux. Les produits peuvent également être disponibles dans des points de vente collectifs comme dans le réseau des Fermes Vertes. Le GAEC de Romé dispose également d’une AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne). C’est un partenariat entre la ferme et un groupe de consommateurs, basé sur un système de distribution de « paniers » composés des produits de la ferme. Il revend également ses produits dans le magasin de producteurs « La Belle Campagne » à Vandoeuvre.
« On voit un maillage se construire petit à petit, grâce à la vente en direct. Entre producteurs bien sûr, mais aussi avec nos clients. Notre grande force, c’est d’entendre les retours positifs de nos clients. C’est gratifiant et motivant pour faire toujours mieux » constate Clémentine.
Une proximité avec les consommateurs pour expliquer la réalité de la production agricole et bio
Avec la vente directe, Clémentine est en contact directe avec les consommateurs. Le maraîchage est un bon moyen de sensibiliser les clients à la saisonnalité des productions. Avec les serres (non chauffées) qui permettent de commencer à semer et cultiver plus tôt et les frigos pour assurer une plus longue conservation, la ferme arrive à avoir des légumes toute l’année. Malgré tout, les tomates, les aubergines, les poivrons sont typiquement des productions d’été indisponibles en hiver. Clémentine doit parfois le rappeler aux consommateurs. Mais une fois qu’ils le comprennent, ils savourent encore plus ces légumes quand ils reviennent sur les étals après plusieurs mois d’absence. Elle organise également des visites de la ferme. C’est une opportunité pour expliquer la connexion entre les ateliers de production végétale et l’élevage. « Les cultures sans animaux, cela signifie pas de matière organique disponible pour fertiliser les sols, donc mettre des engrais chimiques. Et ce n’est pas écologique. Sans élevage, il manque une pièce à l’édifice, l’équilibre n’est pas là ». Mais c’est aussi l’occasion de revenir sur la réalité de l’élevage. Clémentine débute toujours par la même question : « Pourquoi une vache fait du lait ? ». Il est parfois nécessaire de rappeler que la vache doit avoir un veau pour produire du lait. L’élevage est important pour valoriser les surfaces en herbe, maintenir et entretenir les paysages. Pour Clémentine et les éleveurs bio en général, le respect de l’animal est primordial. Les veaux ont certes une vie courte, mais à la ferme Romé, ils ont une belle vie. Les vaches laitières sont gardées le plus longtemps possible avec un objectif d’au moins 10 ans. Il faut savoir qu’en conventionnel, la moyenne d’âge d’une vache est plutôt de 3 ans.
Clémentine aime son métier. Elle espère voir se rapprocher les producteurs des habitants, notamment les plus éloignés de l’agriculture. « Il faut qu’ils se posent la question de ce qu’ils mangent, ce qu’ils ont dans leur assiette. Mais aussi où cela a été produit pour savoir qui ils font vivre en consommant ainsi. » Pour ça quoi de mieux que d’aller à la rencontre des producteurs et de pousser la porte des fermes !

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